Un homme en tous cas y croit dur comme fer. Il s’agit de Blake Scholl, PDG de la société « Boom » qui espère mettre en service un avion de ligne supersonique en 2023.


 

En analysant les raisons qui ont fait du Concorde un échec commercial, le PDG de Boom souhaite redonner vie au concept de transport aérien civil supersonique. A ces fins, il compte mettre les toutes dernières technologies au service de son projet :

  • Aérodynamique : là où les ingénieurs du Concorde réalisaient des essais en soufflerie, Boom peut s’appuyer sur les toutes dernières technologies de simulation numérique. Quand il fallait plusieurs semaines pour tester une nouvelle solution, l’informatique rend possible plusieurs milliers d’essais pour trouver une solution aérodynamique optimale, en modifiant à chaque fois légèrement la forme des ailes ou du fuselage de l’avion par exemple.

 

  • Matériaux : les matériaux composite et la fibre de carbone sont au cœur de ce projet. Outre le gain de poids qui est un enjeu majeur, la maitrise de ces technologies permet une meilleure résistance à la chaleur et moins d’expansion thermique (souvenez-vous que le Concorde s’allongeait en vol de plusieurs centimètres en raison de l’augmentation de température du fuselage et de la dilatation des matériaux, un vrai casse-tête pour les ingénieurs).

 

  • Propulsion : ici, plus question de post-combustion, cette technique utilisée sur le Concorde et les avions de chasse qui consiste à injecter du carburant dans l’échappement et à le faire brûler, ce qui crée une flamme à l’arrière du moteur, mais génère surtout un apport de poussée non négligeable qui permet le passage du fameux mur du son. Boom nous annonce l’utilisation de trois moteurs à réaction dont la forme de l’entrée d’air varie en fonction de la phase de vol. Plus économique et plus écologique.

 

 

Le concepteur du projet a déjà tout prévu concernant le confort des passagers : une cabine spatieuse pouvant emporter jusqu’à 55 passagers , un siège unique de chaque côté de la cabine (plus besoin donc de choisir une place hublot ou couloir, vous aurez les deux) et un espace important pour vos genoux. On ne demande pas mieux ! Surtout vu le gain de temps que permet l’avion supersonique.

Au départ de Paris, vous atterrirez à New York 3h30 plus tard, contre 7h aujourd’hui. Un San Francisco – Tokyo prendra seulement 5h24, et non plus 11h, grâce à une machine volant à Mach 2.2, soit plus de deux fois la vitesse du son.

 

Image « Boom Supersonic »

Tout ça fait rêver, mais peut-on vraiment y croire ?

La prochaine étape sera de faire voler un « Baby Boom », démonstrateur de taille réduite permettant de tester les technologies et de les faire certifier. Le premier vol est prévu l’année prochaine. Un premier test de crédibilité pour le projet.

A l’heure actuelle, la start-up indique avoir déjà enregistré 76 commandes auprès de 5 compagnies d’envergure mondiale, ce qui a permis une levée de fonds de 41 millions de dollars. Pour mener à terme le développement en série d’un avion de ligne supersonique, il en faudra beaucoup plus. Avec un prix annoncé à 220 millions de dollars l’exemplaire et un aller-retour Paris New-York à moins de 5000 dollars, on peut se poser la question de la cohérence économique du projet : des chiffres et des images qui font rêver et qui pourraient laisser penser que le retour d’un avion supersonique civil est possible, mais les valeurs annoncées paraissent parfois fantaisistes lorsqu’on s’y intéresse de plus près.

 

Image « Boom Supersonic »

Une chose est sûre, Boom est une réussite sur le plan du marketing et de la communication. Et on a envie de croire à un successeur au Concorde. Mais est-ce un projet viable techniquement et économiquement ou une coquille vide ? L’avion supersonique de demain fera-t-il « Boom » ou Pschitt ? Seul le temps nous le dira…